vendredi 30 mars 2018

I cani del sole

" Des halos entourent le soleil, il faut donc regarder dans sa direction. Ce sont des cercles irisés comme l'arc en ciel, mais moins colorés. Parfois, on n'observe pas un cercle complet, mais seulement deux petits arcs irisés de part et d'autre du soleil. On les appelle "parhélies", ou, moins savamment, "faux soleils". Il convient, pour bien les voir, de cacher le soleil avec sa main pour ne pas être ébloui. Les Indiens d'Amérique disaient que ce sont "les chiens du soleil", l'accompagnant dans le ciel, l'un par devant, l'autre par derrière. On peut également voir des halos autour de la Lune, d'autant plus facilement que l'on ne risque pas d'être ébloui comme c'est le cas pour les halos solaires. Les halos ne sont pas dus à des gouttes d'eau mais à des cristaux de glace, qui, lorsqu'il fait très froid, constituent les nuages de la haute atmosphère, essentiellement les cirrus, ces nuages légers et effilochés qu'on appelle "cheveux d'ange". Les petits cristaux de glace se comportent comme les gouttes d'eau pour l'arc-en-ciel et, par des phénomènes de réfraction et de réflexion, conduisent à des effets de dispersion des couleurs qui provoquent des irisations.
Un dernier phénomène apparenté, non moins intéressant mais relativement facile à voir ... à condition de connaître son existence: les "gloires". Supposez que vous êtes au sommet d'une montagne, qu'une belle couche de nuage ou de brouillard se trouve en dessous de vous et que le soleil projette votre ombre sur cette couche. Alors pourra apparaître juste autour de l'ombre de votre tête une magnifique auréole lumineuse irisée. Cette auréole ressemble à un halo mais est très différente : elle n'entoure pas le soleil, mais au contraire votre ombre, et se trouve donc dans la direction opposée. Son explication est nettement plus compliquée, elle exige de faire appel aux théories qui décrivent les aspects ondulatoires de la lumière, et je ne vous en parlerai pas. Si ce phénomène splendide est appelé "gloire", c'est que c'est également ainsi que l'on désignait jadis, les auréoles des saints. Particularité remarquable : si vous êtes sur la montagne avec votre petite amie que vos deux ombres se projettent sur la couche de brume, alors chacun ne verra de gloire qu'autour de sa propre tête ! Si vous voulez voir les deux gloires, il faut les superposer, par exemple en vous embrassant". In Jean-Marc Levy-Leblond, Les couleurs du ciel, Les petites conférences, Bayard, Montrouge, 2018.