samedi 14 juillet 2012

Aspettare

"Je constatais ainsi avec effroi que mon impatience à l'égard du rétablissement de la démocratie avait quelque chose de communiste. Ou plus généralement, quelque chose de rationaliste, l'unité des Lumières. J'avais voulu faire avancer l'histoire de la même manière qu'un enfant tire sur une plante pour la faire pousser plus vite.
Je crois qu'il faut apprendre à attendre comme on apprend à créer. Il faut semer patiemment les graines, arroser avec assiduité la terre où elles sont semées et accorder aux plantes le temps qui leur est propre. On ne peut duper une plante, pas plus qu'on ne peut duper l'Histoire. Mais on peut l'arroser. Patiemment, tous les jours. Avec compréhension, avec humilité, certes, mais aussi avec amour. Si les hommes politiques et les citoyens apprennent à attendre dans le meilleur sens du mot, manifestant ainsi leur estime pour l'ordre intrinsèque des choses et ses insondables profondeurs, s'ils comprennent que toute chose dispose de son temps dans ce Monde et que l'important, au-delà de ce qu'ils espèrent de la part du Monde et de l'Histoire, c'est aussi de savoir ce qu'espèrent le Monde et l'Histoire à leur tour, alors l'humanité ne peut pas finir aussi mal que nous l'imaginons parfois."
M. Václav Havel (1990), Discours d'installation comme Associé étranger à l'Académie des sciences politiques et sociales, Paris. and Isola Chioggia, Venezia.