vendredi 11 mai 2012

Allungarsi

"Ereintée de m'être couchée si tard la nuit dernière, je suis au lit et prête à dormir. Encore un ou deux mots. Ce que j'écris m'est égal, le seul fait de vous écrire est ce qui me plaît, c'est comme si je vous embrassais, quelque chose de physique, je sens mon amour pour vous dans mes doigts qui vous écrivent, c'est bon de sentir son amour dans n'importe quelle partie vivante de son corps, pas seulement dans sa tête. Écrire n'est certes pas aussi agréable qu'embrasser, c'est même un peu sec, solitaire et triste, mais c'est mieux que rien : je n'ai pas le choix. Alors j'écris n'importe quoi, voyez-vous, des bêtises, simplement pour ne pas dire au revoir.
Ce matin j'ai passé une heure entière, à la terrasse du "Flore", avec une jeune Américaine que j'ai rencontrée l'autre nuit. Elle n'est pas mal mais dieu, qu'elle est bête, épouvantablement bête. Pourtant ça m'a fait plaisir de parler anglais. Au début j'étais intimidée, après, les mots me sont revenus. De ma fenêtre, ou du jardin, je vois des avions descendre lentement d'un aéroport du voisinage ou s'envoler fièrement. Chaque fois je pense à vous. En beaucoup d'autres circonstances aussi, et en dehors de toute circonstance. Vous vivez avec moi, nuit et jour. Maintenant, venez dormir avec moi. Au revoir, au revoir, je suis trop fatiguée. Si vous ne voulez pas dire au revoir, venez dans mes rêves. J'espère que vous allez le faire, bien que ce ne soit jamais le cas, refus peu aimable de votre part. Je vous embrasse sur le papier. Une fois les lumières éteintes, je fermerai les yeux et mes lèvres se souviendront du goût de vos baisers. C'est ainsi que j'espère m'endormir." Simone de Beauvoir (1947), Lettres à Nelson Algren, mardi 24 juin, Paris, Gallimard, 1997. and Helmut Newton (1920-2004 ), The crocodile at Exposition, Grand Palais, Paris , samedi 12 mai 2012.


vendredi 4 mai 2012

Sedersi

"Vorrei sedermi vicino a te in silenzio,
ma non ne ho il coraggio : temo che
il mio cuore mi salga alle labbra.
Ecco perché parlo stupidamente e nascondo il mio cuore dietro le parole.
Tratto crudelmente il mio dolore per paura che tu faccia lo stesso.
Il mio cuscino mi guarda di notte con durezza come una pietra tombale;
non avevo mai immaginato che tanto amore fosse essere solo
e non essere adagiato nei tuoi capelli.
Voglio soltanto saperti vicina e che muta e silenziosa,
di tanto in tanto, mi tenda la tua mano."
Garcia Lorca and Fontana Farnese.