mardi 26 février 2013

La parola

J’ai la beauté facile et c’est heureux.
Je glisse sur les toits des vents
Je glisse sur le toit des mers
Je suis devenue sentimentale
Je ne connais plus le conducteur
Je ne bouge plus soie sur les glaces
Je suis malade fleurs et cailloux
J’aime le plus chinois aux nues
J’aime la plus nue aux écarts d’oiseau
Je suis vieille mais ici je suis belle
Et l’ombre qui descend des fenêtres profondes
Epargne chaque soir le coeur noir de mes yeux.
Paul Eluard (1923), Capitale de la douleur. and San Clemente, Chiesa del IV° secolo.

dimanche 10 février 2013

Disperando

" S'il vous plait, Nelson, essayez de sentir, de connaître l'intensité de mon amour. Je souhaite ardemment vous donner quelque chose qui vous rende heureux, qui vous fasse rire. Je vous veux et je veux que vous le sachiez. Que vous sachiez combien merveilleux et beau vous êtes dans mon cœur, et que ça vous fasse plaisir. Vous m'avez donné bonheur et amour, jeunesse et vie. 
Pour vous remercier suffisamment il me faudrait être heureuse, aimante, belle, jeune et vivante pendant dix mille ans. Et tout ce que je peux faire c'est pleurer dans ma lointaine chambre ... Oh dieu, en voilà du propre ! Oubliez tout si ça vous offense, c'est sûrement la plus bête lettre que je vous aie jamais écrite. Mon cœur souffre ce soir, il souffre, je ne dormirais pas. Après tout rien dans ces lignes n'est insultant, n'est-ce pas ? Nelson, Nelson."
Simone de Bauvoir (1948), Lettres à Nelson Algren, 10 mai 1950, Gallimard, Paris, 1997. and le col de Verroux (956 m), Menton.

lundi 4 février 2013

Miraggio

Comment fais tu, toi qui n’a jamais vu la lueur d’une lampe ? 
Comment fais tu, toi qui prends l’escalier accroché à la rampe ? 
Toi pour qui le soleil ne se lève jamais 
Toi qui ris de ta nuit à presque l’envier 
Comment fais tu, toi qui sais dessiner la couleur de mes larmes ? 
Comment fais tu, quand au bruit de mes pas, tu connais mes alarmes ? 
Toi pour qui le soleil ne se lève jamais 
Toi qui ris de ta vie à presque l’envier.                                    
 Tu dis souvent des choses encore plus belles 
Des mots de nulle part, des touches d’aquarelles 
Comme si tu voulais soudain nous transporter 
Dans des mondes oubliés, égarés, effacés. 
Comment fais-tu, toi qui lis par tes doigts d’une manière étrange ?  
Comment fais-tu quand tu dis que l’amour, c’est un regard qui change 
Toi pour qui le soleil ne se lève jamais 
Toi qui ris de ta vie à presque l’envier. 
Comment fais-tu pour dire tout le temps que tu as de la chance ? 

Gerard Prats chante la chanson française ... and Monte Jerusalem.