mardi 14 août 2012

Vita del rifugio

"Un petit groupe arrive, bien plus enjoué que les deux autres.
-"Bonjour, vous êtes la gardienne ? Nous avons réservé quatre places pour ce soir. Est-ce que nous pourrions poser nos affaires dans le dortoir ?"
-"Je vais déjà prendre votre nom. Aviez-vous réserve la demie-pension ?"
-"Oui. Et on va vous commander à boire, parce qu'on a chaud et qu'il fait soif, répond le chef de l'équipe, tout guilleret. Pour moi, ce sera un Ice Tea. Et vous autres ?"
-"Un panache, un demi pêche et une pression, si vous avez."
-"Pas de chance, nous n'avons rien de tout ça."
Je l'invite à consulter la liste des boissons que nous proposons. Un tableau de plus d'un mètre de haut, accroché au mur, énonce les consommations et les plats en vente toute la journée. Bières en canettes, sodas, jus de fruits, omelettes garnies, pâtes bolognaises ou à la carbonara, assiette du berger, soupe, crêpes au sucre, au nutella, à la confiture... Le choix est vaste.
-"On va prendre quatre Heineken. Vous avez des glaçons ?"-
-"Non plus ! Vous êtes à 2500m d'altitude ! Je lui fais remarquer. Les glaçons, c'est la-haut sur le glacier qu'il faut aller les chercher." -
-"Bon, tant pis. Est-ce que vous vendez du pain ? Il nous faudrait une baguette pas trop cuite pour demain matin." La je le soupçonne de se moquer de moi. Mais il reste très sérieux .
....
-"Nous n'avons pas de baguette, et le pain avec lequel nous faisons nos sandwich est acheminé à dos d'homme depuis le village. Et si je vous en vendais deux tranches, elles seraient au prix du sandwich, le prix de l'effort. Le reste est réservé pour les repas du soir et les petits déjeuners. Le bonhomme ne trouve rien a redire et s'en va siroter sa bière ...."
Laurence Fleury (2012), Une saison en refuge, Éd. Gypaète. and Au dessus du Col du Simplon, Suisse.