dimanche 21 octobre 2012

Game's end

"Des bras n'ont aucune valeur quand ils se trouvent de l'autre coté de l'océan, et que la vie est trop courte et trop froide pour qu'on renonce à toute chaleur pendant tant de mois ... Ca ne signifie pas que j'avais cessé de vous aimer, mais vous étiez si loin, ça me semblait si long avant de vous revoir ... Ca semble un peu absurde de parler de ces choses qui sont dépassées. Mais ça vaut autant, puisque vous ne pouvez pas vivre exilée à Chicago ni moi en exilé à Paris, et que je devrai toujours revenir ici, à ma machine à écrire et à ma solitude, et sentir le besoin de quelqu'un de proche, parce que vous êtes si loin". 
Elle :"Il n'y avait rien à répondre; il avait raison, absolument : ce n'en était pas plus consolant; j'aurais eu un poignant regret si cette histoire s'était brisée ... Heureusement, peu à peu, les lettres d'Algren se réchauffèrent. Il me racontait sa vie au jour le jour. Il m'envoyait des coupures de journaux, des tracts édifiants contre l'alcool et le tabac, des livres, du chocolat, deux bouteilles de whisky, camouflées dans d'énormes sacs de farine. Il me dit aussi qu'il viendrait à Paris en juin, il retenait sa place sur un bateau. Je me rassérénai, mais par moments je réalisais avec angoisse que notre histoire était vouée à finir, et bientôt." 
Simone de Beauvoir (1963), "La force des choses", Gallimard. and Amedeo Modigliani (1884-1920), with  Anna Akhmatova (1889-1966).