lundi 22 juin 2009

Alloy

"Le train ralentit sa course, une station aux lumières scintillantes le contraignit à réduire son allure. Le rêveur releva machinalement les yeux, délaissant ses pensées pour regarder autour de lui, et chercha à percer l'obscurité, à reconnaître, penchée vers lui, la silhouette de son rêve, toute alanguie dans la pénombre.
Oui elle était bien là, celle qui lui avait toujours été fidèle, qui l'aimait en silence, elle était venue, avec lui, à lui - il ne se lassait pas d'embrasser ce qu'il pouvait saisir de sa présence.
Et comme si quelque chose en elle avait senti cette quête de son regard, cette timide et lointaine caresse, voilà qu'elle se redressait et regardait à travers la vitre; un paysage incertain défilait, que l'humidité et l'obscurité printanière rendaient semblable à de l'eau étincelante."
Stefan Zweig, Le voyage dans le passé, Atrium Press, London, 1976. Grasset, Paris, 2008. and Medicis villa picture, Roma.