mardi 29 septembre 2009
White cave
lundi 28 septembre 2009
Robinson
bouche. Il passait des journées entières, couché ainsi au milieu des lentilles d'eau, des nénuphars et des oeufs de grenouilles. Les gaz qui se dégageaient de l'eau croupie lui troublaient l'esprit. Parfois il se croyait encore dans sa famille à York, il entendait les voix de sa femme et de ses enfants. Ou bien il s'imaginait être un petit bébé dans un berceau, et il prenait les arbres que le vent agitait au-dessus de sa tête pour des grandes personnes penchées sur lui. Quand il s'arrachait le soir à sa boue tiède, la tête lui tournait. Il ne pouvait plus marcher qu'à quattres pattes, et il mangait n'importe quoi le nez au sol ... Un jour qu'il bouffait une touffe de cresson dans une mare, il crut entendre de la musique. C'était comme une symphonie du ciel, des voix d'anges accompagnées par des accords de harpe. Robinson pensa qu'il était mort et qu'il entendait la musique du paradis. Mais en levant les yeux il vit pointer une voile blanche à l'est de l'horizon." Michel Tournier, Vendredi ou Les limbes du Pacifique, Ed. Flammarion, 1971. and Niki de Saint Phalle, Introspections and ... Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain - Nice, 13.09.09.
jeudi 10 septembre 2009
Poem
mercredi 9 septembre 2009
Shadow
"Ils gravirent les hauteurs en silence. En contrebas, les maisons faiblement éclaitées s'estompaient déjà; depuis le crépuscule de la vallée, la courbe du fleuve s'étirait, toujours plus lumineuse, tandis qu'en haut, les arbres embaumaient et que l'obscurité s'abattait sur eux. Ils ne croisaient personne, seules leurs ombres glissaient en silence devant eux. Et chaque fois qu'un réverbère éclairait leurs silhouettes à l'oblique, leurs ombres se mêlaient comme si elles s'embrassaient; elles s'allongeaient, comme aspirées l'une vers l'autre, deux corps formant une même silhouette, se détachaient encore, pour s'étreindre à nouveau, tandis qu'eux-mêmes marchaient, las et distants. Il regardait comme en exil ce jeu étrange, la fuite suivie d'une étreinte sitôt défaite de ces silhouettes sans âme, de ces corps ombreux, qui n'étaient pourtant que le reflet des leurs, il regardait avec une curiosité maladive se dérober et se rejoindre ces figures inconsistantes, et il en oubliait presque celle qui était bien vivante à coté de lui, au profit de son image noire, glissante et fuyante. Il ne pensait à rien de précis et sentait néanmoins confusément que ce jeu cherchait à lui dire quelque chose il ignorait quoi, quelque chose de profondément enfoui en lui, comme une source, et qui jaillissait avec violence maintenant que le souvenir s'y aventurait, brusque et menaçant pour aller y puiser. Mais qu'était-ce donc ?"mardi 8 septembre 2009
Slow
lundi 7 septembre 2009
Over there
dimanche 6 septembre 2009
Tempest
"Ce n'est pas lui qui l'avait attiré à lui, ni elle à elle, ils étaient tombés dans les bras l'un de l'autre, comme emportés ensemble par une tempête, l'un avec l'autre, l'un dans l'autre plongeant dans un inconnu sans fond, dans lequel sombrer était un évanouissement à la fois suave et brûlant - un sentiment trop longtemps endigué se déchargea, enflammé par le magnétisme du hasard, en une seule seconde. Et ce n'est que peu à peu, lorsque leurs lèvres collées se décollèrent, qu'encore pris de vertige devant le caractère invraissemblable de l'événement il la regarda dans les yeux d'un éclat inconnu derrière leur tendre obscurité. Et c'est là que s'imposa à lui l'idée que cette femmme, la bien-aimée, avait dû l'aimer depuis longtemps, depuis des semaines, des mois, des années, tendrement silencieuse, ardemment maternelle, avant qu'une telle heure lui ébranlât l'âme. Et c'était cela le caractère incroyable de l'événement, qui l'ennivrait à présent: lui, lui aimé, et aimée d'elle, l'Inaccessible - un ciel se déployait, baigné de lumière et infini, l'irradiant midi de sa vie, mais déjà il s'effondrait dans les secondes qui suivirent, en mille morceaux blessants. Car cette prise de conscience était aussi un adieu."samedi 5 septembre 2009
Outburst
" Ce fut une explosion violente élémentaire, une douleur physique traumatique, évidente, un ébranlement de tout son être, depuis le sommet du crâne jusqu'au tréfonds du coeur, une déchirure qui illumina tout, comme l'éclair dans le ciel nocturne : et alors dans cette lumière aveuglante, il eût été vain de ne pas reconnaître que chaque nerf, chaque fibre de lui-même s'épanouissait dans un amour pour elle, la bien-aimée. Et à peine eut-il, sans un mot, prononcé le mot magique, qu'avec cette rapidité inexplicable que seul suscite un très grand éffroi, d'innombrables souvenirs et petites associations d'idées s'en vinrent, étincelants, à l'assaut de sa conscience. Et il sut à quel point, depuis des mois déjà, il était fou amoureux d'elle. "vendredi 4 septembre 2009
Amok two
"La critique ne saura probablement pas apprécier cette oeuvre. Elle n'atteindra pas à la sincérité de l'auteur et déplacera l'accent sur quelque chose d'accessoire, cherchera la "confusion des sentiments" dans la relation amoureuse avec la femme du professeur admiré. Mais la femme est dans ce contexte uniquement un personnage de contraste. Le conflit consiste exclusivement dans le fait que l'adolescent voudrait répondre à l'amour de l'homme, mais ne le peut pas à cause d'un mystérieux interdit intérieur.jeudi 3 septembre 2009
Master
" A coté de votre oeuvre intellectuelle, vous exercez encore à merveille un grand art: celui de confondre par votre bonté ! Ce ne sont pas seulement les mots que vous m'avez adressés, mais déjà le fait que vous, qui êtes submergé, talonné par les gens et les problèmes, vous avez pris le temps pendant vos heures de repos de regarder si profondément dans une oeuvre qui pourtant vous doit tant, tout cela me rend réellement confus hier je n'ai pas pu tenir la plume.mercredi 2 septembre 2009
Passion

Qu'est-ce que cette irruption passionnelle chez le maniaco-dépressif ? La libido de ces sujets trop peu habitués à conquérir l'espace psychique et à se lier aux représentations, "découvre" par une évolution thérapique, "la saveur" de la vie fantasmatique; elle découvre l'autre, qui lui brûle alors les yeux comme le regard inhabitué au soleil. Par un mouvement défensif, le sujet cherche l'effet mégalomaniaque qui va désavouer l'objet. Et il ne peut plus le retrouver. Il cherche la désorganisation. Mais sa pensée est cohérente. Il cherche à faire le fou. Mais il n'est plus crédible. Il préfère se réfugier dans le passé. Il veut écarter la passion qui brûle en lui, mais il ne peut pas. Cette passion est la réponse à l'installation d'un transfert objectal." Alberto Eiguer , Le pervers narcissique et son complice , Dunod, 1996. and Lucrecia Borgia (1480 - 1519)