"J'étais extremment angoissée pour D.W., qui était lui-même très dépressif depuis sa crise cardiaque. C'était comme dans mon enfance, l'année où à l'école, j'avais des ennuis dus à une erreur sur mon âge, et où simultanément, à la maison, j'étais angoissée à cause de la grossesse de ma mère.
Je ne crois pas que nous parlions du tout de sa dépression mais j'en étais consciente (comme avec Miss Sharpe) parce qu'il avait changé physiquement et que tout analysant est sensible à ce qui se passe chez son analyste. J'avais toujours peur qu'il n'aît une troisième attaque et qu'il ne meure, ce qui aurait été fatal pour moi. Un jour à l'heure de ma séance, j'attendais qu'on me dise qu'il était prêt à me recevoir. J'allais plusieurs fois demander à la secrétaire:" Il n'est toujours pas là ?" Finalement après trois quarts d'heure, je suis rentrée à son cabinet, m'attendant à le trouver malade ou mort, pour découvrir qu'il n'était qu'endormi sur le divan et n'avait pas entendu la sonnette ! Ainsi j'étais sauvée et cette fois encore, on m'avait laissée connaître et suivre mon impulsion ... J'appris ultérieurement qu'il était angoissé parce qu'il envisageait de rompre son premier mariage - une décision qu'il ne prenait pas à la legère - ce qui avait provoqué sa deuxième crise cardiaque et sa dépression. Finalement il me parla de son divorce et de son prochain remariage, de peur que je ne l'apprenne par quelqu'un d'autre ou par la presse. J'étais très jalouse, et tout un matériel oedipien put être élaboré qui, cependant, resta comme un morceau isolé qu'il faudrait rattacher au reste plus tard."
Je ne crois pas que nous parlions du tout de sa dépression mais j'en étais consciente (comme avec Miss Sharpe) parce qu'il avait changé physiquement et que tout analysant est sensible à ce qui se passe chez son analyste. J'avais toujours peur qu'il n'aît une troisième attaque et qu'il ne meure, ce qui aurait été fatal pour moi. Un jour à l'heure de ma séance, j'attendais qu'on me dise qu'il était prêt à me recevoir. J'allais plusieurs fois demander à la secrétaire:" Il n'est toujours pas là ?" Finalement après trois quarts d'heure, je suis rentrée à son cabinet, m'attendant à le trouver malade ou mort, pour découvrir qu'il n'était qu'endormi sur le divan et n'avait pas entendu la sonnette ! Ainsi j'étais sauvée et cette fois encore, on m'avait laissée connaître et suivre mon impulsion ... J'appris ultérieurement qu'il était angoissé parce qu'il envisageait de rompre son premier mariage - une décision qu'il ne prenait pas à la legère - ce qui avait provoqué sa deuxième crise cardiaque et sa dépression. Finalement il me parla de son divorce et de son prochain remariage, de peur que je ne l'apprenne par quelqu'un d'autre ou par la presse. J'étais très jalouse, et tout un matériel oedipien put être élaboré qui, cependant, resta comme un morceau isolé qu'il faudrait rattacher au reste plus tard." Margareth I. Little, in Mon analyse avec Winnicott, id. and Egon Schiele (1890-1918), Madre cieca (post-partum depression).
Il était aussi honnête qu'on peut l'être, faisait cas des observations et répondait honnêtement aux questions, à moins qu'il ne faille protéger quelqu'un, auquel cas il tenait à ce que l'on sache quand sa réponse n'était pas tout à fait vraie et pourquoi. Il répondait aux questions directement et au premier degré, ce n'est qu'après qu'il se demandait (seul ou souvent avec le patient) pourquoi la question était posée.
J'arpentai la pièce en essayant de trouver un moyen. J'envisageai de me jeter par la fenêtre mais je savais qu'il m'en empêcherait. Puis je pensais à jeter tous ses livres dehors mais finalement je m'attaquai à un grand vase de lilas blancs que je brisai et pietinai. Il sortit de la pièce à la vitesse de l'éclair mais revint juste avant la fin de la séance. Il me trouva en train de tout nettoyer et dit:"J'aurais dû m'attendre à ce que vous le fassiez (nettoyer? briser?) mais plus tard". Le jour suivant le vase et les lilas étaient remplacés par leur réplique exacte et, quelques jours après, il m'expliqua que j'avais détruit quelque chose à quoi il tenait beaucoup." ...
Puis en 1945, à la fin de la soirée où j'avais lu ma propre communication, intitulée "L'Errante: Notes sur une patiente paranoïde." D.W., qui n'avait pas pris part à la discussion, vint me trouver et me demanda si je voulais prendre un enfant en traitement. J'étais ravie qu'il m'ait demandé ça à moi mais, à regret, je dis: "Non". Je venais de finir une analyse avec un enfant avec l'intention de me former à l'analyse d'enfants, formation que je n'ai jamais achevée. Cette analyse avait provoqué en moi une angoisse énorme et je n'étais pas contente de la façon dont j'y avais mis fin. J'étais en pleine ébullition à cause de ça, à cause de la mort de mon père et de tout ce qui s'était passé autour, et je ne pouvais envisager, à ce moment précis, de m'occuper d'un enfant, mais j'en laissais la possibilité ouverte pour l'avenir. Quand j'entendis D.W. lire ses articles: "La réparation en fonction de la défense maternelle organisée contre la dépression" (1948) et "Souvenirs de naissance, traumatisme de naissance et angoisse" (1949), je sentis que c'était quelqu'un qui pourrait vraiment m'aider".
Winnicott, en poursuivant ce qu'il avait appris de Mélanie Klein et en appliquant ce que lui avait enseigné une longue pratique avec les nourrissons, des enfants et leurs parents, réussit à guérir de nombreux patients dont les angoisses étaient de type psychotique. Et ses travaux, à leur tour, parce qu'ils font voir un visage de la psychanalyse plus humaine que celui montré habituellement, ont suscité angoisse et polémique. Il y a un réel intérêt pour ses travaux, un réel désir de les connaître et de les comprendre. Il y a cependant aussi des critiques - tant amicales qu'hostiles, et souvent mal informées - et une curiosité et un voyeurisme francs. On connaît bien aujourd'hui le travail qu'a accompli Winnicott avec les enfants. Il écrivait systématiquement et parlait librement de son travail, et nombreux sont ceux qui ont pu le voir en action à Paddington Green où dans l'une de ses autres cliniques. Il utilisait la "technique standard" (1962) pour traiter les psychonévroses chez les adultes, il analysait donc la névrose de transfert et étudiait le complexe d'Oedipe et le développement du Surmoi."
C'est follement important. Munich maintenant, avec la présence de Clara, ne sera plus tout à fait sans inconvénient: il semble en effet qu'elle interprète mal ma présence ou le moindre signe le plus naturel d'intérêt, comme si tu allais faire machine arrière, mais n'en avais pas encore tout à fait pris conscience ... Où, quand, comment pourrons-nous nous revoir, et parler ? Le plus beau pour moi serait de t'avoir ici ... En ce moment, je vais passer quelques jours à Leipzig. Adresse postale: Grassistrasse 14, prof. Dr. E. Spranger. Tout ce que tu proposeras m'agréera. En dehors de toute considération personnelle, je porte comme un fardeau le fait de ne pas vivre cette période avec toi. Lou." 