dimanche 4 décembre 2011
At two heads
dimanche 20 novembre 2011
The crocodile
Et voilà votre lettre. Chéri, je ne suis pas si niaise, je savais bien que vous me taquiniez, vos fantaisies m'amusaient, je n'ai pas le caractère si mal fait, il faudrait que je sois bien sotte. Moi aussi figurez vous je vous taquinais en prétendant être insultée. Si vous me blessiez réellement (ce qui pourrait arriver puisque je suis assez folle pour vous aimer), je ne réagirais pas par de la froideur, mais par de la colère, ou du chagrin, ou les deux à la fois ... Je n'aurais pas assez d'orgueil pour rester hautaine, froide et distante. Nous verrons bien ... ou peut -être pas, tout dans notre amour paraît si chaud, si heureux, si naturel. Oui vous menez une vie sérieuse, austère, mais pour moi une simple phrase de vous comme "J'ai balayé le sol" s'imprègne de poésie, parce qu'elle évoque la petite maison, et vous. En toute raison, vous ne pouvez tirer le même plaisir de votre pure idée que moi, ce serait inquiétant. Alors effectivement votre solitude, la correction de vos épreuves, tout ça peut paraître morne. Travaillez dur, s'il vous plaît pour prendre des vacances au printemps, et nous transformerons votre vie au point que vous regretterez ces jours et ces nuits tranquilles. Finie la paix, vous voyagerez, vous verrez des choses, des gens, vous boirez, vous remuerez vos mâchoires, vous entendrez le bruit des miennes, vous m'aimerez comme je vous aime. Vous serez soulagé quand je partirai. Vous tremblez, hein ?" Simone de Beauvoir (1997), Lettres à Nelson Algren, novembre 1947, Gallimard, Paris. and the caffé Greco, Rome, Italy.lundi 29 août 2011
Blue eternity
"Sei tu questi fiori nella sera .... Che luce maturano in miriadi d'occhi ... Di fame da sempre come nel solco ... La pioggia d'estate ... Sei tu quell'orizzonte a grani lucenti ... Che la pace apre nel sangue come lento orgasmo ... L'estate è una ferita nel ricordo di noi "...
Allessandro Contadini (2008), "Ogni lettera è meta nella luce", Ed. Il labirinto, Roma. and La casa blue, Frida Kahlo e Diego Rivera , Mexico 2011.
vendredi 19 août 2011
Short story
mardi 19 juillet 2011
Lonely look
jeudi 7 juillet 2011
Sweet travel
Rouler sur l'autoroute est la seule façon qui nous reste, à moi et à elle, pour exprimer ce que nous avons à nous dire, mais nous ne pouvons pas nous le communiquer ni non plus en recevoir communication aussi longtemps que nous roulons. Sans doute je me suis mis au volant pour arriver chez elle le plus vite possible; mais plus j'avance, plus je me rend compte que le moment de mon arrivée ne sera pas la véritable fin de mon voyage. Nos retrouvailles, avec tous les détails inessentiels que comporte une scène de retrouvailles, le minutieux filet de sensations, de significations, de souvenirs qui se déploierait devant moi- la pièce avec le philodendron, la lampe en opaline, les boucles d'oreille- et les choses que je dirais, certaines à coup sûr de travers, ou équivoques, et les choses qu'elle dirait à son tour de manière probablement déplacées ou qui du moins parfois ne seraient pas celles à quoi je m'attendais, et tout le déroulement d'imprévisibles conséquences que chaque geste ou chaque mot comporte, mettraient autour des choses que nous avons à nous dire, ou mieux que que nous voulons nous entendre dire, un nuage parasite tel que la communication déjà difficile, s'en trouverait encore plus dérangée, étranglée, ensevelie comme sous une avalanche de sable." Italo Calvino (1949), L'aventure d'un automobiliste, in "Aventures", trad. fr., Editions du Seuil, 1969. and Hans Hartung.mercredi 6 juillet 2011
Freestyle
On ne distinguait pas la peau plus claire des seins et des hanches, car il émanait de son corps tout entier une lueur bleutée, de méduse. Delia nageait sur le coté, avec des mouvements indolents, le visage (une expresion figée, un peu ironique, de statue) toujours au ras de l'eau; de temps en temps se dessinait la courbe d'une épaule ou la ligne douce du bras allongé. L'autre bras, avec avec des mouvements de caresse, couvrait et découvrait le sein dressé tendu à la pointe.. Les jambes battaient à peine l'eau, soutenant le ventre lisse que marquait le nombril, ainsi que sur le sable une empreinte légère, et comme l'étoile d'un fruit de mer. Les rayons du soleil, en se réflétant dans l'eau, flottaient autour d'elle, l'habillant et la dénudant tour à tour. De la nage, elle passa à des mouvements comme de danse; arrêtée entre deux eaux, souriant vers lui, Delia allongeait ses bras dans un rotation cajoleuse des épaules et des poignets; ou bien, par une brusque détente du genou, elle faisait jaillir son pied cambré, tel un petit poisson. Usnelli, dans le canot, ouvrait de grands yeux. Ce que la vie lui offrait à cet instant, c'était, il le comprenait bien, quelque chose qui n'est point donné à tous de regarder les yeux grands ouverts, pas plus que le centre aveuglant du soleil. Au coeur de ce soleil, le silence. Ce qui était renfermé en un pareil instant, rien jamais ne saurait le traduire; pas même un souvenir, sans doute." Italo Calvino (1949), L'aventure d'un poète, in "Aventures", trad. fr., Ed. du Seuil, 1969. and Claude Monet, Les nympheas. lundi 4 juillet 2011
Disturbed books
dimanche 22 mai 2011
Le vice consul
- Ecoutez ... dit Charles Rosset. - Non, il ne crie plus. Ils écoutent, ce ne sont pas des cris, c'est un chant de femme, ça vient du boulevard. A bien écouter on doit crier aussi mais beaucoup plus loin, bien au-delà du boulevard où devrait se trouver encore le vice consul. A bien écouter tout crie doucement mais loin, de l'autre coté du Gange ... - Ne vous en faites pas, il sera rentré maintenant. - Nous ne nous connaissons pas, dit Michael Richard. D'où vient-il ? Il n'habite pas Calcutta. Il y vient pour la voir, rester auprès d'elle. C'est près d'elle qu'il désire être. Il est un peu moins jeune qu'il n'aurait cru "... Marguerite Duras (1966), "Le vice consul", Ed. L'imaginaire, Gallimard. and Auguste Rodin, La valse.vendredi 13 mai 2011
Silent remained
Tout est merveilleusement juste dans ce croquis :" leur sublime s'amalgama", " je ne sais s'ils s'entendirent bien clairement dans ce système et cette langue nouvelle ...", la remarque sur le trop de bruit que Jeanne fait ou qu'on fait autour d'elle, le soupçon de désinvolture sinon de mysoginie qui fait écrire à Saint Simon qu'il refuse de "s'arrêter à elle en particulier". Tout est merveilleusement juste, sauf peut-être le "il la vit". Car, à lire leur correspondance, c'est elle qui le vit et l'entraîna, pour s'y amalgamer, dans le sublime "... Julia Kristeva (1983), Un pur silence: la perfection de Madame Guyon in Histoires d'amour, Denoël. and P-M. Masson (1907), François Fenelon et Jeanne Guyon , Hachette ... and Edoli, via del Pellegrino.
jeudi 5 mai 2011
Neither
LAURENCE. - Retiens ta main désespérée ! Es-tu un homme ? ta forme crie que tu en es un ; mais tes larmes sont d'une femme, et ta sauvage action dénonce la furie déraisonnable d'une bête brute. ô femme disgracieuse qu'on croirait un homme, bête monstrueuse qu'on croirait homme et femme, tu m'as étonné !... Par notre saint ordre, je croyais ton caractère mieux trempé. Tu as tué Tybalt et tu veux te tuer ! tu veux tuer la femme qui ne respire que par toi, en assouvissant sur toi-même une haine damnée ! Pourquoi insultes-tu à la vie, au ciel et à la terre ? La vie, le ciel et la terre se sont tous trois réunis pour ton existence ; et tu veux renoncer à tous trois ! Fi ! fi ! tu fais honte à ta beauté, à ton amour à ton esprit. Usurier tu regorges de tous les biens, et tu ne les emploies pas à ce légitime usage qui ferait honneur à ta beauté, à ton amour à ton esprit. Ta noble beauté n'est qu'une image de cire, dépourvue d'énergie vide ; ton amour ce tendre engagement, n'est qu'un misérable parjure, qui tue celle que tu avais fait voeu de chérir ; ton esprit, cet ornement de la beauté et de l'amour, n'en est chez toi que le guide égaré : comme la poudre dans la calebasse d'un soldat maladroit, il prend feu par ta propre ignorance et te mutile au lieu de te défendre. Allons, relève-toi, l'homme ! Elle vit, ta Juliette, cette chère Juliette pour qui tu mourais tout à l'heure : n'es-tu pas heureux ? Tybalt voulait t'égorger, mais tu as tué Tybalt : n'es-tu pas heureux encore ? La loi qui te menaçait de la mort devient ton amie et change la sentence en exil : n'es-tu pas heureux toujours ? Les bénédictions pleuvent sur ta tête, la fortune te courtise sous ses plus beaux atours ; mais toi, maussade comme une fille mal élevée, tu fais la moue au bonheur et à l'amour. Prends garde, prends garde, c'est ainsi qu'on meurt misérable. Allons, rends-toi près de ta bien-aimée, comme il a été convenu : monte dans sa chambre et va la consoler ; mais surtout quitte-la avant la fin de la nuit, car alors tu ne pourrais plus gagner Mantoue ; et c'est là que tu dois vivre jusqu'à ce que nous trouvions le moment favorable pour proclamer ton mariage, réconcilier vos familles, obtenir le pardon du prince et te rappeler ici. Tu reviendras alors plus heureux un million de fois que tu n'auras été désolé au départ... Va en avant, nourrice, recommande-moi à ta maîtresse, et dis-lui de faire coucher son monde de bonne heure ; le chagrin dont tous sont accablés les disposera vite au repos... Roméo te suit." William Shakespeare (1599), Romeo et Juliette , Scène III. and Les amants de Verone.lundi 2 mai 2011
My only love, my only hate
Qu'à travers le sexe c'est la haine qui triomphe : voilà ce qui saute aux yeux et aux oreilles à travers les premières pages du texte ... On est déjà préparé à la réplique de Roméo qui qualifiera l'amour de "folie la plus raisonnable" (I, 1, 184), voire de "brutal, rude, violent ! Il écorche comme l'épine" ( I, IV, 25-26) ... Mais c'est Juliette qui trouve les formules les plus intenses pour indiquer que cet amour est étayé par la haine ... Mais plus profondément, c'est d'une haine à l'origine même de l'élan amoureux qu'il semble s'agir. D'une haine préexistant au voile de l'idéalisation amoureuse. Notons que c'est une femme, Juliette, qui en a l'inconscience la plus immédiate, la lucidité la plus somnanbulique ... C'est Juliette elle-même qui formule franchement : "My only love sprung from my only hate" ( I, V , 136). Julia Kristeva (1983), Histoire d'amour, Denoël. and James Pradier, Satyre et Bacchante, Musée des Beaux Arts , Lille.
jeudi 28 avril 2011
Seventh travel
Malheureusement, seules quelques rares lettres écrites à l'occasion de ce voyage ont été conservées. En revanche nous disposons d'une sorte d'agenda de voyage dans lequel Freud et également Anna, pendant les trois derniers jours ont noté en quelques mots ce qu'ils entreprenaient. Il s'agit donc du seul séjour dont nous connaissions le déroulement précis au jour le jour." Sigmund Freud, Correspondance de voyage, 1895-1923, in "Notre coeur tend vers le sud", trad. Jean-Claude Capèle, Paris, Fayard, 2002. and to hotel Eden Rome
dimanche 24 avril 2011
Sorry
vendredi 22 avril 2011
Extremity
Antonio Tabucchi (1992), Sogni di sogni, "Rêve d'Arthur Rimbaud", Gallimard, 2007. and Alberto Giacometti (1901-1966), "Femme" in Exposition de la Fondation Marguerite et Aimé Maeght -Art Moderne et Contemporain , septembre 2010.
lundi 21 mars 2011
Anniversario
Cet unique mérite reste rattaché à sa vie, à son nom. Car jamais un acte n'est décisif par lui-même; ce qui compte, c'est la connaissance de cet acte, et ses conséquences. Celui qui le raconte et l'explique devient souvent plus important pour la postérité que celui en est l'auteur et dans le jeu imprévisible des forces de l'Histoire, la plus légère impulsion peut produire les plus énormes effets. Celui qui attend de l'Histoire qu'elle soit juste, exige plus qu'elle n'ait d'humeur à donner : il arrive, qu'elle attribue l'exploit et l'immortalité à l'homme simple, moyen, et rejette les meilleurs, les plus vaillants et les plus sages, dans le ténèbres de l'anonymat." Stefan Zweig (1944), Amerigo, in Belfond, 1996. and International Psychanalitic Association ' life. mardi 15 mars 2011
Eternity
Je sais maintenant que ce jour là Novecento avait décidé qu'il allait s'asseoir devant les touches blanches et noires de sa vie, et commencer à jouer une musique, absurbe et géniale, compliquée mais superbe, la plus grande de toutes. Et danser sur cette musique ce qu'il lui resterait d'années. Et ne plus jamais être malheureux." Alessandro Baricco (1994), Novecento:pianiste, Un monologue, trad. fr., Folio, Paris, 2006. and Brigitte Engerer au piano, 2009. samedi 5 mars 2011
Immaginarsi
"Novecento, ci sei mai stato a Parigi, tu ?" - "No" -"E allora." - "Cioè ... si." - "Si cosa ?" - "Parigi !" Potevi pensare che era matto. Ma non era cosi semplice ... Il mondo, magari, non l'aveva visto mai. Ma erano ventisette anni che il mondo passava su quella nave: ed erano ventisette anni che lui, su quella nave lo spiava. E gli rubava l'anima. In questo era un genio, niente da dire. Sapeva ascoltare. E sapeva leggere. Non i libri, quelli son buoni tutti, sapeva leggere la gente. I segni che la gente si porta addosso: posti, rumori, odori, la loro terra, la loro storia ... Tutta scritta, addosso. Lui leggeva, e con cura infinita, catalogava, sistemava, ordinava ..." Alessandro Baricco (1994), Novecento, Un monologo, Ed. Giangiacomo Feltrinelli, Milan. and Paris' Café de Flore.mardi 1 mars 2011
Originally
Peut-être a-t-il cru, au moment où il arrivait, qu'il allait retrouver quelque chose de l'innocence perdue, le souvenir de cette île que les circonstances avaient arrachées à son coeur ? Comment n'y aurait-il pas pensé ? C'était bien la même terre rouge, le même ciel, le même vent constant de la mer, et partout, sur les routes, dans les villages, les mêmes visages, les mêmes rires d'enfants, la même insouciance nonchalente. Une terre originelle, en quelque sorte, où le temps aurait fait marche arrière, aurait détricoté la trame d'erreurs et de trahisons." Jean Marie Gustave Le Clezio (2004 ), L'Africain, Mercure de France. and the house of Ombline Panon Desbassayns in St Gilles les Hauts, La Réunion .